Toutes les photos ont été prises à Berlin en juin 2010, au Musée juif, au cimetière juif de Prenzlauerberg, à celui de Weißensee et au Mémorial de l'Holocauste.
La Shoah, qui veut dire « catastrophe » en hébreu, désigne l'extermination systématique par l'Allemagne nazie des deux tiers de la population juive européenne pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui représente entre cinq et six millions de victimes selon les estimations des historiens.
Le terme Nakba, qui veut dire « catastrophe » en arabe, fait référence aux conséquences de la guerre israélo-arabe de 1948 durant laquelle plus de 700.000 Arabes israéliens ont fui leurs villages et leurs villes dans la zone qui est devenue ensuite l’Etat d’Israël. Ils n’ont jamais été autorisés à y revenir et leurs terres, saisies par le gouvernement israélien, ont été données à des immigrants juifs.
Mahmoud Darwich (1941-2008) figure de proue de la poésie palestinienne, a été profondément engagé dans la lutte de son peuple. Après plus de trente ans de vie en exil, il put rentrer sous condition en Palestine en 1996.
Les extraits du poème de Mahmoud Darwich « Passants parmi des paroles passagères » sont tirés du recueil « Palestine, mon pays : l'affaire du poème », Paris, Minuit, 1988.
Vous qui passez parmi les paroles passagères
portez vos noms et partez
Retirez vos heures de notre temps, partez
Extorquez ce que vous voulez
du bleu du ciel et du sable de la mémoire, partez
Vous qui passez parmi les paroles passagères
comme la poussière amère, passez où vous voulez
mais ne passez pas parmi nous comme les insectes volants
Nous avons à faire dans notre terre
nous avons à cultiver le blé
à l’abreuver de la rosée de nos corps
Nous avons ce qui ne vous agrée pas ici
pierres et perdrix
Alors, portez le passé, si vous le voulez
au marché des antiquités
et restituez le squelette à la huppe
sur un plateau de porcelaine
Nous avons ce qui ne vous agrée pas
nous avons l’avenir
et nous avons à faire dans notre pays
partez
Vous qui passez parmi les paroles passagères
Prenez les photos que vous voulez, pour savoir
que vous ne saurez pas
comment les pierres de notre terre
bâtissent le toit du ciel
Mais le ciel et l’air
sont les mêmes pour vous et pour nous
Alors prenez votre lot de notre sang, et partez
allez dîner, festoyer et danser, puis partez
A nous de garder les roses des martyrs
à nous de vivre comme nous le voulons.
« Vous qui passez parmi les paroles passagères
entassez vos illusions dans une fosse abandonnée, et partez
rendez les aiguilles du temps à la légitimité du veau d’or
ou au battement musical du revolver
Nous avons ce qui ne vous agrée pas ici, partez
Nous avons ce qui n’est pas à vous :
une patrie qui saigne, un peuple qui saigne
une patrie utile à l’oubli et au souvenir
Vous qui passez parmi les paroles passagères
il est temps que vous partiez
et que vous vous fixiez où bon vous semble
mais ne vous fixez pas parmi nous
Il est temps que vous partiez
que vous mouriez où bon vous semble
mais ne mourez pas parmi nous
Nous avons à faire dans notre terre
ici, nous avons le passé
la voix inaugurale de la vie
et nous y avons le présent, le présent et l’avenir
nous y avons l’ici-bas et l’au-delà
Alors, sortez de notre terre
de notre terre ferme, de notre mer
de notre blé, de notre sel, de notre blessure
de toute chose, sortez
des souvenirs de la mémoire
ô vous qui passez parmi les paroles passagères »
Le texte de Mahmoud Darwich est lu par Soufian El Boubsi, auteur, metteur en scène et comédien (Des murs et des mots créé en collaboration avec le Theatre for Everybody de Gaza, Un monde presque parfait, sélection officielle 2008 du théâtre des Doms en Avignon, Papa est en voyage de et par Hamadi prix de la critique 2009 dans la catégorie seul en scène, Sans ailes et sans racines, sélection officielle 2009 du théâtre des Doms et coup de coeur de la presse du festival Off, l’Insoumise ou Scarlet O’Hara au pied de terril nommé aux prix de la critique 2010 dans la catégorie seul en scène).
Henryk Gorecki, compositeur polonais (1933-2010).
3e symphonie (dite des chants plaintifs) pour soprano et orchestre, composée en 1976.
L’extrait, tiré du troisième mouvement, lento-cantabile-semplice, reprend une chanson traditionnelle plolonaise.
Arvo Pärt, compositeur estonien (1935- ).
Miserere, pour choeur mixte, fut écrit en 1989.
Au sein de l'œuvre composée sur le chant Miserere du psaume 51 est inséré un Dies irae que Pärt avait esquissé en 1976.
Philip Glass, compositeur américain (1937- ).
Two Pages pour orgues électroniques, composées en 1968.
Cette oeuvre constitue la première utilisation par Philip Glass d'un processus rigoureux d'accumulation et de répétition d'une cellule musicale unique de cinq notes.
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